Broken Sword : Les Chevaliers de Baphomet sur PS1, Paris en automne… (1/3)

yashide Par Yashide

Attention…

Ecrire cet article est pour moi un exercice périlleux, puisque je vais tenter de vous parler de mon jeu préféré. Oui, mon jeu CULTE. Oui oui, LE jeu que j’emmènerais sur une île déserte si je devais en choisir un (en supposant qu’il y ait tout le matos nécessaire sur ladite île, ce qui est peu probable). Ceci le rend donc d’autant plus difficile à aborder tant je ne me sens les capacités d’écrire un texte à la hauteur de ce qu’il représente à mes yeux.

Mais trève de blabla, les gens qui me connaissent un tout petit peu auront déjà compris de quoi il retourne, pour les autres qui auront eu la gentillesse d’arriver jusque là, je veux parler du premier épisode de la série « Les Chevaliers de Baphomet » (Broken Sword, the Shadow of the Templars en VO)

Broken Sword est un point ‘n click, développé par le studio Anglais Revolution Software, initialement sorti fin 1996 sur PC et PlayStation, et porté / remaké (dans une version Director’s Cut que j’exècre au plus haut point…) depuis sur pas mal d’autres plate-formes (notamment Game Boy Advance, DS, Wii, iPhone, iPad)

Coup de foudre au café de la chandelle verte

Début 1997, le numéro 39 d’Ultra Player (qui se révèlera être le dernier avant l’arrêt du magazine) arrive dans ma boîte à lettres. Et parmi les hits tels que Donkey Kong Country 3, Wipeout 2097 ou Pandemonium, les images d’un petit jeu au style graphique très dessin animé, dont je n’ai jamais entendu parler, d’un genre auquel je n’ai jamais joué, m’hypnotisent… Mon histoire d’amour avec Les Chevaliers de Baphomet débute brutalement par ce coup de foudre.

Paris a peur… Jacques l’égoutteur rôde…

Tirade mythique… C’est parti pour l’aventure !

Combien d’heures ai-je pu passer à baver devant les screenshots, à lire et relire le début de la soluce présent dans ce même magazine, en attendant de réunir l’argent nécessaire à aller acheter mon Graal, mon Précieux, chez mon Dock Games préféré ? OK, il m’était déjà arrivé plus d’une fois de baver devant des magazines (de jeux, s’il était besoin de préciser…), mais là, ce que je ressentais en regardant ces images, c’était carrément d’un autre niveau, une attirance inégalée auparavant ni par ailleurs depuis… Tant d’heures à user les pages de mon Ultra Player, si bien qu’au final, une fois le jeu acheté et la galette fébrilement introduite dans ma Playstation, je savais déjà exactement ce qu’il fallait faire pour avancer dans les premiers tableaux de Paris.

Si l’on excepte les attentats !

Heureusement que Georgie n’est pas sujet au vertige et que le manuscrit est solide !

Dommage avec le recul, mais cela ne pouvait et n’allait en aucun cas gâcher mon plaisir du moment…

Mort aux clowns !

Le jeu nous place dans la peau de George Stobbart, un Américain en vacances à Paris, dont le destin va tragiquement basculer alors qu’il se trouve tranquillement attablé en terrasse d’un café. Il se retrouve ainsi victime d’un attentat à l’accordéon piégé perpétré par un clown (attention à bien prononcer CLAAAOUN, à l’Anglaise) dont il sortira miraculeusement indemne mais qui fera néanmoins une victime. Sa curiosité et son irrépressible besoin de faire la vérité sur le drame qui vient de se produire (pour ne pas dire sa fâcheuse manie de se mêler de tout ce qui ne le regarde pas et de s’attirer tous les ennuis du monde) l’entraineront aux 4 coins de la planète (Paris, Espagne, Irlande, Syrie, Ecosse) et le mettront au centre d’un conflit millénaire entre Néo Templiers et membres de la secte des Assassins. Au cours de son périple et de son enquête, il sera « aidé » (certes, le mot est fort…) par une jeune journaliste Française, Nicole Collard (aka Nico)

Un petit coup de fil à Nico, qui ne nous sera pas d’une grande utilité

Réjouissantes perspectives pour les archéologues du futur…

Espagne, me voilà

Le « videur » du club Alamut… C’est le moment de dégainer la boîte d’alumettes

Le scenario peut sembler bateau au premier abord, mais rappelons nous que nous sommes en 1996 et que le Da Vinci Code et Assassin’s Creed ne sont pas encore passés par là… Les thèmes abordés sont donc très originaux, et personnellement c’était la première fois que j’entendais parler d’Assassins ou de Templiers, sujets qui me passionnent depuis.

La risée du monde ?

Puisque même mon amour inconditionnel pour le jeu ne peut les occulter, je vais me débarrasser de ce qui fâche tout de suite… Car oui, le jeu n’est pas exempt de défauts.

En premier lieu, le jeu rencontre quelques problèmes sur le plan sonore, avec en particulier des personnages qui parlent de temps en temps avec la voix d’un autre, ou encore des voix de qualité inégale par moment, avec en plein milieu d’une réplique un bout de phrase avec un son crado alors que le reste est tout à fait normal…

BARREZ-VOUS CONS DE MIMES !

La porte est coincée… Mais la fleuriste nous indiquera comment entrer dans l’immeuble de Nico !

Ensuite, et c’est là que le bât blesse, tout du moins pour la version Playstation, il s’agit des interminables temps de chargement entre chaque écran… Combien d’heures aurai-je vu tourner cette saleté de pièce, un vrai cauchemar. Et lorsqu’on est bloqué et qu’on s’amuse à refaire chaque écran pour voir si l’on n’a pas raté un objet ou un bout de conversations, cela en fait pas mal des changements d’écrans !!!! La version PC quant à elle ne présente pas ce désagrément, et j’ai été à la fois agréablement surpris mais aussi un peu jaloux la première fois que j’ai vu le jeu tourner sur ordi quelque temps plus tard chez un ami.

Le loading de la mort…

Enfin, le gameplay, très classique (observer, parler, utiliser / combiner des objets) n’est vraiment pas adapté à la manette Playstation (pré Dual Shock) et il n’est pas rare de passer de longues minutes à parcourir l’écran ligne par ligne en quête d’un objet à utiliser ou d’un indice. Le jeu est cependant compatible avec la souris de la Playstation, et encore une fois, la version PC corrigeait ce léger inconvénient.

Un jeu Ubuesque

Bien évidemment, le jeu n’est pas parfait et présente quelques défauts, mais ceux-ci ne sauraient éclipser toutes les qualités qui font la force des Chevaliers de Baphomet. Outre ses graphismes colorés, son scenario original ou la diversité des lieux visités, c’est avant tout l’excentricité des personnages rencontrés, l’humour des dialogues et des situations qui font de ce jeu une référence en matière de point ‘n click.

La classe Anglaise selon Lady Piermont

Dorothée, ou la promotion de la langue Française à travers le monde

Tous ceux qui se sont essayés au jeu se souviendront très certainement de Lady Piermont (avec un petit clin d’œil à l’excellent Beneath a Steel Sky du même studio au passage), la vieille aristo anglaise complètement cinglée de l’hôtel Ubu, Duane, le gros, soi-disant, touriste Américain, Nejo, le très espiègle et attachant petit marchand Syrien (qui, en VF, a appris à parler Français grâce à des K7 vidéo du Club Dorothée et d’Hélène et les Garçons), le duo de policier formé par le Commissaire Rosso et le Sergent Moue, Ultar, le « chauffeur de taxi et luxuriant guide par excellence », ou encore « l’immonde Raymonde » (la fameuse chèvre) …

Attention à ton derrière George, c’est l’immonde Raymonde !

Indubitablement !

Les dialogues ne sont pas en reste et collent parfaitement aux personnages. Ils sont régulièrement hilarants et ponctués de pointes d’un humour très British qui trahit inévitablement l’origine du studio de développement, sans parler des énigmes et autres interactions avec les objets et les autres protagonistes. Qui n’a pas essayé de proposer à tous les personnages de leur serrer la main avec le vibreur pour les électrocuter ? Les énigmes sont donc parfois un peu barrées, mais on finit toujours par s’en sortir, au pire des cas en essayant toutes les combinaisons d’objets possibles et imaginables…

Brigitte, si tu passes par ici…

Moitié homme, moitié taureau, le plus valeureux des héros…

Ca donne envie !

Je le confesse aujourd’hui, je n’avais d’ailleurs pas à l’époque ce réflexe d’essayer de tout combiner, n’ayant jamais joué à un point’n click auparavant. C’est comme ça que je suis resté coincé un bon moment (et que j’ai même abandonné le jeu pendant plusieurs semaines), tout ça à cause d’une satanée clé que je n’avais pas cru bon de tenter d’utiliser sur un dérouleur à serviettes… Ah ces toilettes Syriennes, elles m’auront hanté quelque temps

Les toilettes du club Alamut, mon cauchemar

C’est sans aucun doute cet humour qui a définitivement ancré Les Chevaliers de Baphomet au panthéon de mes jeux préférés, et je crois que je n’ai plus jamais retrouvé un tel humour, une telle qualité de dialogue dans les softs auxquels je me suis essayé depuis.

Et pour ne rien gâcher, on s’instruit en jouant ! Le jeu est truffé de petites explications historiques relatives aux Templiers, aux Assassins ou à l’Inquisition, et les références sont nombreuses. On peut citer en vrac les noms des personnages Plantard, Lobineau (références au Prieuré de Sion) ou encore les allusions à l’œuvre de l’écrivain Français Alfred Jarry, le club Alamut (du nom de la forteresse, fief des Assassins), …

A la revoyure George !

Je vais être raisonnable et m’arrêter là,  car je pourrais écrire des pages et des pages pour exprimer tout mon amour pour ce fantastique jeu, auquel je rejoue au moins une fois par an, et dont les dialogues résonnent dans ma tête depuis 15 ans comme autant de souvenirs impérissables de ma vie de gamer.

Allez ça m’a donné envie je m’y remets 😉

Paris en automne… Les derniers mois de l’année… Et la fin d’un millénaire…

PS : si certain(e)s sont intéressé(e)s par le thème des Assassins, je vous conseille vivement de lire le roman « Alamut », de Vladimir Bartol 😉

Alamut, de Vladimir Bartol

PS2 : tous les screenshots de cet article proviennent de la version PS1 sous émulateur

Retrouvez le reste de notre semaine spéciale :

Part 2 : Les derniers mois de l’année… (par Melkiok)

Part 3 : Et la fin d’un millénaire (par Marie)

– Yashide – https://twitter.com/lardon_83

10 réflexions au sujet de « Broken Sword : Les Chevaliers de Baphomet sur PS1, Paris en automne… (1/3) »

  1. J’adore lire des tests quand ils sont écrits avec passion.

    Je comprends très bien ton sentiment et il me renvoi à mes expériences avec certains jeux (« les dialogues résonnent dans ma tête depuis 15 ans comme autant de souvenirs impérissables de ma vie de gamer »)

    Je n’ai jamais joué à aucun des Chevaliers de Baphomet mais tu m’as donné envie.
    Effectivement à l’époque, le Da Vinci code et Assassin’s Creed n’étaient pas encore passés par là, ça en fait un titre original, mais ça le replace aussi dans un contexte d’actualité.

    De plus j’aime beaucoup les jeux qui se déroulent dans des décors réels et le fait qu’une partie se déroule à Paris me donne encore plus envie d’y jouer.

    Sur ma liste des « jeux à faire ».
    Merci pour cet article !

    • merci ça fait super plaisir ce genre de commentaires 🙂

      Et content de t’avoir donné envie d’y jeter un oeil ! Tu me diras ce que t’en penses quand tu y aura goûté 😉

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