Les Chevaliers de Baphomet 3 : Le Manuscrit de Voynich sur PC

yashide Par Yashide

Si vous êtes assidus et que vous avez lu cet article, vous connaissez déjà mon ressenti initial sur ce jeu. Mais j’ai décidé de lui redonner une chance, pour vous donner un petit condensé de mes impressions d’époque et d’aujourd’hui, sur ce qui restera un épisode polémique pour tous les fans de la série.

D’abord un peu de contexte, Broken Sword/Les Chevaliers de Baphomet est ma série préférée de tous les temps (talonnée de près depuis par Yakuza 😊), le 1er épisode sorti fin 96 est juste mon jeu préféré, et le 2ème  sorti 1 an plus tard est le jeu que j’ai le plus attendu de ma vie, avec un verdict plus que satisfaisant même si pas complètement à la hauteur de mes énormes espérances. Nous faisons ensuite un petit bond en avant dans le temps pour ce 3eme opus sous-titré « le Manuscrit de Voynich », puisqu’il a fallu attendre 6 ans et Noël 2003 pour qu’il voit le jour sur PC, PS2 et Xbox.

Dans mon parcours, on s’approche doucement du grand creux vidéoludique qui va s’étendre de 2004 à 2008, grossièrement entre mon désintérêt/désamour pour Joypad et l’acquisition de la PS3. Dans l’intervalle, la quasi-exclusivité de mon temps de jeu est phagocyté par les diverses éditions de PES et de Football Manager. Baphomet 3 sera donc l’un des derniers soubresauts d’intérêt de jeu hors rectangle vert de cette période, et on ne peut pas dire qu’il a aidé à ralentir la descente aux enfers !

Novembre 2003 donc, après 6 ans de disette, s’affiche dans mon Joypad une avant-première (signée Karine) laissant entrevoir le chamboulement technique avec le passage à la 3D du jeu. Je suis d’emblée dubitatif après expériences variées de point & click 3D (Grim Fandango pour le positif et Monkey Island 4 pour le plus négatif). Mais bon puisque Charles Cecil entend « vouloir révolutionner la narration interactive », la confiance aveugle du fanboy prend rapidement le dessus. Le mois suivant, un test plus qu’honorable (7/10) me conforte dans mes convictions, car malgré quelques réserves concernant la technique et le gameplay, l’histoire, l’humour et les énigmes, bref tout le cœur de mon intérêt pour la série, semblent toujours bel et bien au rendez -vous.

Je franchis donc le pas sans me faire prier. Cependant, période « Nero Burning ROM » oblige, je ne l’ai pas évidemment pas acheté sur PS2 (j’avais fait les précédents sur PS1 donc il s’agissait de la suite logique) mais je me suis jeté sur la version « Verbatim » pour PC me permettant de laisser mon porte-monnaie intact (je me suis rattrapé depuis en l’achetant sur PC, PS2 et dans la box des 25 ans de Revolution Software)

Nous retrouvons notre Américain préféré George Stobbart en avion en direction du Congo pour rencontrer un scientifique du nom de Cholmondely. Malheureusement, l’avion rencontre une sévère avarie et s’écrase dans la jungle. George assistera une fois tiré d’affaire au meurtre de son contact…

En parallèle, la (très relou) Nico Collard a été contactée par un hacker boutonneux prétendant être en grand danger après avoir déchiffré le mystérieux manuscrit de Voynich. Le temps d’arriver sur place et notre homme est raide mort, assassiné par notre sosie, qui n’a pas eu le temps de quitter les lieux et veut nous faire la peau. Celle-ci s’échappe finalement et Nico se retrouve dans de sales draps avec la police, bien entendu soupçonnée de l’exaction…

C’est deux intrigues parallèles finiront par se rejoindre dans une trame historico-ésotérique habituelle à la série, sur fond de complots de Néo-Templiers (comme on se retrouve !), de forces telluriques et de légendes Arthuriennes, qui mèneront nos 2 protagonistes aux 4 coins du monde, de Paris à l’Egypte en passant par le Congo, l’Angleterre et la République Tchèque.

Et c’est là que la réalité me rattrape cruellement…

Mes expériences de « point and click » à la sauce 3D étaient certes moins concluantes que les bons vieux jeux 2D classiques, mais là… On nous montre très rapidement la direction que va prendre le jeu : caisses à pousser et grimpette, on flirte beaucoup trop dans le jeu plate-forme/action à mon goût, et ça ne va pas aller en s’arrangeant. Vous voulez savoir ce que je déteste le plus au monde ? LE CHANGEMENT ! Vous l’aurez compris, je suis mal barré avec ce Broken Sword 3. Ceci dit, pour peu que vous soyez fan de Sokoban, l’expérience peut au contraire être plaisante. 😀

Et si cela ne suffisait pas à me décourager, il fallait aussi composer avec la maniabilité infâme. En gros, tant qu’on ne lâche pas la direction au changement d’écran/caméra pendant qu’on court, on continue dans le même sens, mais dès qu’on lâche, les contrôles redeviennent relatifs au nouvel écran. De quoi entraîner de nombreuses morts sur des passages de furtivité, des énigmes ou des courses poursuite… D’ailleurs fort heureusement le parti a été pris de faire recommencer juste avant en cas de mort, donc pas de crainte de perte de progression (et de crise de nerf qui va avec).

Je peux vous assurer qu’avec les multiples allers-retours en devant parcourir 4 ou 5 écrans avec cette jouabilité combiné aux passages typés action, on a intérêt à ne rien rater… Les traditionnelles phases de blocages à reparcourir chaque lieu quand on ne sait pas quoi faire sont plus que fastidieuses. A côté, les loading PS1, avec la fameuse pièce qui tourne, entre chaque écran c’était une partie de plaisir !

Ah j’oubliais, cette multiplication d’écrans semble juste avoir été faite pour donner une impression d’environnements vastes, mais la majorité des lieux sont modélisés sommairement et sont très vides. Il y a en effet trop peu d’interactions/observations à faire, et une trop grande proportion des énigmes reste à bases d’actions (caisses, QTE, escalade)

Enfin, dernier point qui m’a gêné, l’impossibilité de sauter les dialogues et les cinématiques. Ce n’est pas forcément un mal sur un premier run, mais c’est toujours plus agréable de pouvoir accélérer les choses, notamment quand on déclenche un dialogue qui ne mène à rien (en tentant d’utiliser un objet par exemple) ou en rejouant une séquence après un game over.

C’est bon, le Manuscrit de Voynich est rhabillé pour l’hiver, il est temps quand même de distribuer les quelques bons points. Tout d’abord l’histoire reste dans la lignée de celles de ses prédécesseurs, même si un peu moins prenante. J’omets volontairement la fin qui m’a absolument dépité initialement, mais finalement c’était déjà parti assez loin dans les Boucliers de Quetzalcoatl donc joker… Ensuite, les personnages délirants et l’humour des dialogues sont toujours omniprésents et c’est un plaisir total d’épuiser tous les sujets de discussion et de tenter d’utiliser les objets de l’inventaire sur tout et n’importe quoi.

Enfin, pour satisfaire les fans de la première heure, on retrouve bien sûr des références aux épisodes 2D, mais vraiment sans outrance. Celles-ci sont saupoudrées ci et là et on ne verse pas dans le fan service trop lourdeau. On retrouve ainsi avec plaisir quelques personnages (Lobineau, le Prix Nobel qui vient d’un pays de l’Est au nom imprononçable, l’ouvrier auquel on a refilé le tuyau pour les courses hippiques, Lady Piermont, au travers de sa nièce aussi cinglée qu’elle), des lieux emblématiques (Montfaucon, les catacombes, l’appartement de Nico) ou encore des petites touches plus discrètes dans les décors (affiches, photos, …)

Vous l’aurez compris, après tant d’années d’attente, les Chevaliers de Baphomet 3 : Le Manuscrit de Voynich a été une énorme déception pour moi, avec un chamboulement technique et de mécaniques de jeu qui ont quasi totalement ôté le charme de la série. Le tout combiné à une mauvaise conjoncture au niveau de mon parcours personnel, le verdict ne pouvait qu’être implacable. D’ailleurs, petite anecdote pour montrer ma réticence par rapport à cet épisode, lorsque j’ai découvert les premières images d’Uncharted, ça m’a tellement fait penser visuellement à George dans la jungle Congolaise que j’ai longtemps été réticent à y jouer. Une peur inconsciente et viscérale de me retrouver à pousser des caisses sans doute.

Je pensais me radoucir un peu en y rejouant avec quelques années de recul, mais il n’en est rien, j’ai toujours ce jeu en travers de la gorge quasiment 20 ans plus tard ! Malgré tout, je n’en suis pas au point de déconseiller aux fans des épisodes 2D de s’y essayer, le tout étant de savoir à quoi s’attendre en s’y aventurant. En tout cas, en bon maso que je suis, cela ne m’a pas empêché de replonger avec l’épisode suivant, « Les gardiens du Temple de Salomon », sorti en septembre 2006, que j’ai carrément précommandé, pas suffisamment échaudé par ma mauvaise expérience du 3… Mais ça, on en reparle une prochaine fois sur Another Retro World !

– Yashide – https://twitter.com/lardon_83

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Une réflexion au sujet de « Les Chevaliers de Baphomet 3 : Le Manuscrit de Voynich sur PC »

  1. Ah ce troisième épisode !
    Très clivant…
    J’ai tellement voulu l’aimer après le duo mythique 2D mais franchement la conversation en jeu 3D a diminué de 70% le charisme de cette saga en ce qui me concerne…
    Cette obsession de rajouter des phases actions avec ces foutues caisses au secours
    Et puis comme tu le mentionnes…que c’est vide et peu chaleureux
    Impossible de retrouver l’aspect doudou des 2 premiers opus hormis en effet quelques références ici et là
    Mon coeur saigne rien que d’en reparler ! Au moins le 5eme épisode est revenu me donner un peu de baume au coeur

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