La galère d’Obélix
Nous sommes en 50 avant JC. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur… Vous la connaissez l’histoire, la vie s’écoule paisiblement dans le village le plus célèbre d’Armorique quand un jour un événement terrible vient troubler la quiétude et briser la monotonie quotidienne. Aussi fou que cela puisse paraître, Obélix s’est fait enlever par les Romains ! Comment ? Bonne question ! Sanglier empoisonné ? Fausse Falbala servant d’appât ? Mais l’important n’est pas là, il n’en faut pas moins pour mettre en branle toutes les forces vives Gauloises pour secourir notre livreur de menhirs (un peu enveloppé) préféré. C’est bien entendu Astérix qui se voit confier la mission d’extirper son ami des geôles romaines. Voilà donc le pitch d’Astérix, sorti en 1993 sur Super Nintendo, édité par Infogrames, spécialiste ès adaptation de licences de BD / dessins animés (Tintin, les Schtroumpfs, Spirou, …)
Etant à la fois féru de jeux de plate-forme et grand fan d’Astérix, ce jeu avait tout pour me séduire, et, hésitant en magasin entre celui-ci et Aladdin, la balance a penché de son côté pour 10F, Aladdin étant à 449F et Astérix à 439F. Ma radinerie m’a-t-elle poussé à faire le bon choix ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !
L’odyssée d’Astérix
Pour synthétiser la chose, Astérix est un jeu que je qualifierai à la fois d’extrêmement classique et de complètement loufoque. Classique tout d’abord car il respecte tous les codes des jeux de plate-forme des années 90 : le gameplay de base est simple, 3 boutons, pour courir, sauter et frapper, les ennemis ne pouvant être défaits qu’avec quelques coups de poing bien sentis. On retrouve également des ennemis variés et des items en tout genre (je reviendrai sur ces aspects par la suite) ainsi que les classiques plates-formes mouvantes ou qui disparaissent.
Par ailleurs la structure du jeu est aussi traditionnelle puisque composée de 5 mondes ayant chacun pour thème un pays ou une ville (Gaule, Helvétie, Egypte, Grèce, Rome) eux-mêmes subdivisés en plusieurs « Actes ». On est confronté au fil des niveaux à des gameplays bien connus des amateurs du genre avec des niveaux « glissants », des scrollings automatiques, des niveaux verticaux et même des niveaux avec des chariots. Bref, il ne manque qu’un niveau aquatique hardcore pour compléter le tableau ! La difficulté de rigueur est également bien présente puisqu’après des premiers niveaux « d’échauffement », on arrive vite à des passages assez corsés avec des ennemis toujours plus nombreux et des phases de plates-formes nécessitant plus de doigté et de précision. Une petite déception cependant puisqu’on ne rencontre pas de boss en fin de niveau, un petit duel face à Amonbofis par exemple ou César en boss de fin auraient été les bienvenus à mon goût.
Bon comme ça, ça a l’air d’être du tout bon non ? Pas transcendant certes, mais suffisamment satisfaisant pour passer des heures agréables dans l’univers antique décalé d’Astérix.
La rose et le glaive
Ah ! « L’univers d’Astérix », nous y voilà enfin, et c’est précisément sur ce point que le jeu peut décevoir. Oh bien sûr on retrouve pas mal d’éléments « farpaitement » cohérents avec les aventures de notre héros moustachu et de nombreuses références sympathix. On rencontre ainsi des soldats Romains allant du grouillot de base au centurion grassouillet en passant par le soldat caché dans un tronc d’arbre (comme dans « Le coup du menhir »). On en découd également avec des gladiateurs, des guerriers Helvètes ou le célèbre équipage de pirates. En fin de chaque monde un allié nous indique la direction à suivre pour rester sur la trace d’Obélix, Falabala, Petisuix, Numérobis et Panoramix font donc aussi une petite apparition.
Niveaux items là encore des clins d’oeil en pagaille avec l’immanquable potion magique qui rend invincible, la collection de casques qui s’agrandit à chaque Romain assommé (c’est Obélix qui sera content une fois rentré !), les sangliers qui redonnent de la vie (on passera sur le fait qu’un coup de poing sur le gibier gambadant le transforme instantanément en sanglier rôti), ou encore les bonus « os » et « harpe » qui permettent à Idéfix et Assurancetourix de venir nous donner un coup de main. L’un en mordant le séant d’un ennemi, l’autre en les paralysant en jouant un petit air (je vous laisse deviner qui fait quoi).
Le ciel lui tombe sur la tête
On passe maintenant à ce qui fâche et ternira l’expérience de tout fan qui se respecte ? En vrac, se battre contre des hérissons, des corbeaux qui chient, des araignées, des crabes, trouver des marmites de potion dans les arbres, boire de la potion qui permet de voler, sauter sur des nuages ou des bulles, se servir de rapaces comme moyens de locomotion (je comprends qu’il faut mettre des plates-formes mais quand même…), les nombreux niveaux dans les grottes (à part l’antre de la bête dans les Douze Travaux, je n’ai pas souvenirs de grottes ni dans les BD ni dans les films d’animation…) et le summum : les montagnes russes dans Rome !!! (un clin d’œil au Parc Astérix ouvert en 1989 peut-être ?)
Du grand n’importe quoi qui laisse un sentiment mitigé, et ce n’est pas l’aspect technique qui fera pencher définitivement la balance d’un côté ou de l’autre. Les graphismes et l’animation s’en tirent plutôt honnêtement car même si c’est très simple et dépouillé, ce n’est pas spécialement déplaisant à l’œil et on retrouve bien le style de la BD dans le design des personnages. En revanche côté son, les musiques sont assez agaçantes et il est dommage de ne pas retrouver les thèmes célèbres des films d’animation (le thème mythique d’Astérix le Gaulois, le pudding à l’arsenic, quand l’appétit va tout va ou le générique d’Astérix chez les Bretons par exemple…). Mention spéciale aux musiques d’Helvétie qu’on pourrait croire sorties tout droit d’un album des Musclés !
Vous l’aurez compris, Astérix ne m’aura pas laissé un souvenir impérissable en raison essentiellement des libertés prises avec l’univers. Ces considérations mises de côté, il reste un jeu correct, mais largement dépassé par d’autres ténors du genre (Super Mario World, Mr. Nutz, …). Bref ma conclusion est assez ambigüe car c’est un jeu qui ne serait à conseiller qu’aux fans, mais qui risque de les décevoir de part les aspects décrits précédemment… Bon, allez tout de même y jeter un coup d’œil au cas où, et on pourra toujours disserter des délires des développeurs autour d’un bon banquet arrosé de cervoise (barde bâillonné inclus) !
– Yashide – https://twitter.com/lardon_83