Il était une fois les Tortues Ninja sur NES (PART 1)

yuuyakunPar Retro Bonheur

C’était une de ces années phares, le jeu vidéo était en pleine mutation, les bornes d’arcade faisaient rêver, et des IPs mythiques allaient voir le jour pour la première fois.
Voyez plutôt : c’était l’arrivée de Turtles in Time, le beat them up Cowabunga récemment revisité par nos amis de Dotemu et de Tribute Games, de Streets of Rage, le roi des beat them up console, de Street fighter 2, le futur indétrônable jeu de combat, mais aussi la naissance du hérisson le plus connu de tous les temps, Sonic. Un environnement propice à déclencher une guerre sans merci entre Sega et Nintendo pour le plus grand bonheur du consommateur !

Et à l’approche des fêtes de noël, les publicités vantant les mérites de chacune des 2 marques battaient leur plein…

J’étais ,en ce novembre 1991, l’heureux possesseur d’une Master system 2, très satisfait de ma précieuse et du jeu intégré dans la console Alex Kidd in Miracle World (rien de tel pour se roder à la difficulté inhérente des jeux de plateforme de l’époque), j’aurais en toute logique du gonfler ma ludothèque en demandant à ce grand barbu vêtu de rouge un nouveau jeu Master System.

Capture d’écran 2023-01-12 090458Mais cela c’était sans compter sur les perfidies marketing des comparses Sega et Nintendo nous bombardant, oh nous pauvres enfants, de leurs pubs vicieusement élaborées au possible.

Depuis fin juin déjà, j’étais littéralement tombé en admiration devant la pub de Sonic Megadrive. Outre la direction artistique pêchue et drôle de ce punk rebel venu challenger Maitre Sega, les images du jeu me faisaient rêver et assuraient la promesse d’un fun sans égal. Et clairement, j’aurais été le plus cool de la cour de récré avec ma Megadrive ! De l’autre côté, Nintendo avait aussi des atouts dans sa manche. Les pubs moins marquantes mais régulières assuraient en effet le dynamisme de la marque.

Une série de pubs en particulier m’avait récemment touché : Pour assurer en grande pompe la sortie…eh bien tout simplement d’un des meilleurs jeux de plateforme 8 bits de tout les temps, Nintendo avait lancé une campagne de teasing dédiée.

Chaque semaine pendant un mois, un court spot montrait une ombre avancer et sauter avec sa tête sur une case en forme de point d’interrogation et chaque nouveau spot révélant progressivement l’ombre originale jusqu’à finalement laisser apparaitre le célèbre Mario. Super Mario Bros 3 s’apprêtait en effet à sortir dans l’hexagone – 3 ans après sa sortie japonaise cela dit en passant – et Nintendo France voulait à juste titre le faire savoir. Une pub plus traditionnelle mais très efficace accompagna en outre le lancement. Elle me marqua tout autant grâce à sa musique entêtante « palapalapa-pa-pa, Super Mario bros 3« .

Le désir était là, et je lorgnais sur ce grand jeu NES. Surtout que, comparée à la Megadrive encore récente et onéreuse, nombre de mes amis avaient la Nes.
La perspective de pouvoir s’échanger ces imposantes cartouches grises et devenir un pro de la soufflette dans les connecteurs me faisait rêver (technique inutile mais psychologiquement indispensable). D’autant qu’autre chose allait définitivement confirmer l’écrit de ma lettre au père noël.

Depuis deux ans, un dessin animé animait mes week-ends (jeu de mot breveté).
Voyez donc, 4 tortues ont été transformées en adultes de taille humaine après avoir ingéré un liquide chimique et il en est de même pour leur chef de meute maître Splinter, rat de son état.

Justiciers dans l’âme et amateur de pizzas, les tortues ninjas avaient tout pour faire rêver l’enfant que j’étais : capital sympathie à toute épreuve, personnalités complémentaires, une journaliste dans la confidence cette chère April O Neil, et des méchants bêtes et malchanceux à souhait. L’animé profitait en plus d’un chara design des plus agréables par rapport à ce que la série fut à sa naissance en lors de sa sortie en comics et par rapport à ce qu’elle deviendrait. Cerise sur le gâteau, nous avions droit à un super générique « 4 tortues d’enfer, dans la ville, tortue ninja, tortue ninja… » que j’ai souvenir d’avoir enregistré sur K7 lors de ses diffusions sur Superloustic pour l’écouter sur mon Walkman (voilà une phrase incompréhensible pour les jeunes de moins de 20 ans)

teenage-mutant-ninja-turtles-3Et oh (retro) bonheur, ou plutôt « oh marketing aiguisé », mon dessin animé préféré allait aussi sortir en jeu vidéo et Oh chance inouïe et marketing toujours plus ingénieux, Bandai France (nom de la filiale de Nintendo France à l’époque) pris l’initiative de sortir un pack NES spécial Tortues Ninja.
Une NES et un jeu Tortue Ninja ? Mais que demander de plus ?!
Capture d’écran 2023-01-02 114730Le pack se composait en plus de cela de 2 manettes pour la « modique » somme de 990 frs. Résister aux sirènes mercantiles allait s’avérer difficile. Même l’autre pack NES, comprenant en lieu et place du jeu Tortue Ninja, les jeux Mario bros + Duck Hunt et le célèbre pistolet zapper avait du coup perdu mon intérêt. J’étais Tortue Ninja à fond, oubliant même pendant un temps mon duo punk et hérisson bleu préféré…
Pour l’anecdote, la responsable marketing Nintendo de l’époque, Eve Lise Blanc Deleuze, confia à Florent Gorges que ce pack tortue ninja fut le premier spécifiquement développé pour la France, bien joué madame ! (cf l’histoire de Nintendo volume 3)
lhistoire-de-nintendo-vol3Mais à une époque où j’étais trop jeune pour lire la presse spécialisée et où les scoops vidéo ludique provenaient des discussions de la cour de récré, souvent bancals d’ailleurs, comment fus-je mis au courant de la nouvelle ? Prospectus publicitaires ? Journal de Jean-Pierre Pernaut ? Appel de Karen Cheryl pour jouer à Hugo Délire ? Et bien rien de cela braves gens. Arrive mesdames et messieurs nos chères régies publicitaires ! Et là, Nintendo frappa très fort avec une superbe réclame mettant en avant nos chère tortues.

Imaginez un gros plan sur une Nes, la superbe instru du générique du dessins animé en fond et les tortues ninja qui rentrent dans votre console par le capot ! Comment résister ?! Impossible en effet.

La pub était cool, très « bad ass », et bien que la France n’eût qu’un travail de doublage à opérer sur ce spot créé par les américains, elle le fit avec brio !
La narration est d’ailleurs plus punchy que l’original (Patrick Lavanant, directeur de la filiale Nintendo France, avait à cœur de prendre des voix off de qualité et souvent de renom comme le doubleur de Rocky et Rambo). Nintendo avait visé juste en acquérant cette licence, la popularité de l’animé allait sans dire et le portage en jeu vidéo opéra sur moi comme un aimant. L’existence du jeu en pack ? Cela n’était pas mentionné dans la pub, j’en fis la découverte en remarquant sa présence dans un catalogue de vente par correspondance, mais nous y reviendrons…
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La décision était prise de la réclamer au père noël !
Ce à quoi mes chers parents me demandèrent si c’était bien raisonnable d’acquérir une seconde console si rapidement après cette chère Master system. Je répliquai d’arguments imparables : tous mes amis l’ont, on pourra se prêter des jeux, et c’est les tortues ninja (assurément mon argument le + recherché…). Oh joie, mes parents finirent par accepter en contrepartie de ne plus acheter une autre console de sitôt. Et, je le pense aujourd’hui, ce prix sous la barre psychologique des 1000 francs rendit la chose possible in extremis. Je suis en effet certain que j’aurais reçu une fin de non-recevoir ai-je demandé une Megadrive (1290 francs à l’époque), ou pis encore une Neo Geo. Dans ce cas précis, ma demande aurait surtout déclenché un fou rire « Une console à 1690 Frans et des jeux à 1000 francs, et puis quoi encore ? Tu t’es pris pour Terry de Level Max ou quoi ?!« .

Quant à comment j’obtenu la console, préparer vous à replonger quelques instants dans une période révolue.

C’était sur le catalogue CAMIF d’Automne Hiver 91/92, réceptionné chaque année au mois de Septembre, que j’avais découvert non sans joie l’existence du pack Tortue Ninja. La CAMIF était l’un des 3 principaux réseaux de vente par correspondance de l’époque avec la Redoute et les 3 Suisses. Il se trouve que ma tendre mère était plutôt moderne et y passait régulièrement ses commandes. Mais que fus-je impressionné quand, pour commander la console, elle alluma ce petit outil avant-gardiste de l’internet moderne, le Minitel ! Ainsi une après-midi, et après avoir été convaincu par mes arguments sans pareil, nous nous connectâmes au site Minitel de la CAMIF !

Après une petite minute nécessaire pour que le modem rejoigne ce superbe « réseau haute vitesse », il suffisait de rentrer une référence prise dans le catalogue papier puis de laisser le site confirmer la description et le prix du produit. Ici en l’occurrence : Pack Nes Tortues Ninja 990 francs. Après une confirmation validée tant par un sourire aux lèvres que par l’appui sur la touche entrée, la commande fut passée.
Quelle modernité ! Quelle puissance du futur ! Loin du désuet trio formulaire papier, chèque et lettre à poster…

Une fois cela fait, je fus impatient de recevoir le cadeau de ce Papa CAMIF Noël. Pourtant avec du recul, il aurait été bien plus logique de prendre en ce Noel 91 la Megadrive, laquelle démarrait en trombe sa carrière occidentale, Sonic a l’appui. J’avais notamment pu m’adonner quelques fois à la machine de Sega en jouant à Altered Beast mais surtout à l’incroyable Quackshot.
console-sega-megadrive-1-pack-altered-beast-front-1596393746-35Mais n’en voudrais-je point à mon jeune moi, agnostique à l’évolution quotidienne de l’industrie et à l’avenir radieux qui attendait la génération 16 bit. En effet, ce pack tortue ninja allait me faire découvrir un nouvel univers et…me faire haïr les niveaux sous-marins ! Le voilà arrivé, le grand matin du 25 décembre, trépident d’impatience de tester ce cadeau déballé la veille.

Tout d’abord, sachez que le pack tortue ninja est en fait un carton superposé sur le carton d’origine. Emballé comme j’étais (appréciez le jeu de mot), cela n’enleva rien au charme du déballage mais je comprends avec le recul l’économie logistique de la chose.

Quant à l’esthétique de la Nes? Cette console si rectangulaire et carrée, sorte de premier magnétoscope VHS ? (Effet d’ailleurs recherché par Nintendo lors du design de la machine). Et bien il me plaisait et s’ajoutait au plaisir de disposer d’une console tant de fois vue chez des amis. Ce capot et cette bizarrerie d’insérer la cartouche et d’appuyer ensuite dessus pour l’abaisser à l’intérieur, tellement plus compliqué que la simplicité de la Master System quand j’y pense. Qu’à cela ne tienne, car je possédais maintenant le Cowabunga power dans mes mains !

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Il était temps d’appuyer sur le bouton Power !

Rendez-vous très bientôt pour le deuxième volet et la découverte du jeu en lui même !

– RetroBonheur – https://twitter.com/RetroBonheur

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