Et c’est reparti pour un tour avec la 2ème partie de notre dossier consacré à la série ISS / PES, dans laquelle on va s’intéresser à la période Playstation et le passage à ISS « Pro ». Après des débuts prometteurs sur Super Nintendo, Konami ne pouvait pas manquer le coche du passage à la génération suivante. 3D et gros polygones au programme, pas de doute possible, bienvenue dans l’ère 32 bits !
Si l’on oublie le portage d’ISS Deluxe, le premier épisode original de la next gen est International Superstar Soccer Pro. Les choses sont claires avec ce léger renommage, on va passer aux choses sérieuses ! Aussi étrange que cela puisse paraître pour un jeu de foot, j’ai découvert celui-ci dans un magazine de soluce. Je vous ai déjà plusieurs fois rabâché mon attrait pour ce type de mag, qui compensait souvent ma frustration estivale des numéros juillet/août de mes parutions habituelles. Et c’est justement dans ces conditions que je suis tombé sur ce guide stratégique.
Au programme, un guide de tous les gestes techniques, un décryptage des stratégies, des joueurs clés des équipes avec nombreuses photos à l’appui. Sur ces clichés, je trouvais les graphismes fantastiques et les maillots très réalistes avec leurs couleurs chatoyantes. Le passage à la 3D m’impressionnait clairement, et j’ai passé ces 2 semaines à scruter tous les jours les screenshots en bavant, en attendant impatiemment le retour à la maison pour pouvoir acheter le jeu et voir ce fantasme prendre vie sous mes yeux.
Une fois cette formalité accomplie et le CD d’ISS Pro enfin dans la Playstation, le jeu était à ma grande surprise radicalement différent de ses illustres prédécesseurs. Et pour cause, alors que les rush façon Olive et Tom étaient auparavant légion, ce nouvel épisode s’oriente beaucoup plus vers la simulation. Un jeu plus lent, des changements de direction limités en pleine course, un temps de latence au moment des passes et des tirs et une difficulté à trouer les défenses et les filets sans commune mesure avec ISS ou ISS Deluxe. Côté visuel, la claque laissée entrevoir dans mon magazine était toutefois confirmée, les graphismes étaient très agréables pour l’époque bien que trop anguleux et rebutants pour nos yeux actuels. En revanche, du fait de la difficulté du jeu, les gestes techniques décrits étaient extrêmement rares à sortir, que ce soient talonnades, têtes plongeantes, voire même retournés acrobatiques… Rien à voir avec Adidas Power Soccer qui officiait déjà sur ma console.
Cette version « Pro » apportait également une grosse nouveauté dans le gameplay, et aussi par la même occasion l’arme fatale du jeu : la passe en profondeur attribuée au bouton triangle. C’était le moyen le plus efficace pour prendre au piège les défenses hermétiques et obtenir des face à face avec le goal adverse, qu’on pouvait aisément rater cependant… Toutefois, cela n’était pas évident de la placer parfaitement, et j’ai de bons souvenirs de parties avec mon beau-frère à deux contre le CPU en mode de difficulté élevée. Le score était toujours très serré mais quelle fierté de marquer, notamment si le but était le résultat d’une excellente coordination pour gérer les appels pour les passes en profondeur.
Pour le détail, les habitués de la série n’étaient pas non plus complètement dépaysés puisqu’on retrouvait des patronymes de joueurs déjà utilisés dans les épisodes précédents comme par exemple Allejo le buteur inarrêtable de la Seleçao. On pouvait également toujours reconnaître des stars du ballon rond dissimulé dans les équipes en étant un minimum attentif, par exemple l’attaquant Italien Fabrizio « Penna Bianca » Ravanelli et chevelure couleur argent caractéristique. D’autres pourraient le surnommer « la reine des plongeuses », mais les gestes techniques propres aux joueurs n’existaient pas encore ! (et de toute façon que les choses soient claires, il y avait bien eu contact avec Rabesandratana…)
Bref, International Superstar Soccer Pro est une bonne mouture sur laquelle Konami a pu se roder sur 32 bits. Mais si le volet suivant se nomme ISS Pro « Evolution » ce n’est pas juste pour faire joli, et il aurait même pu s’appeler Revolution tant le monde de la simulation footballistique était en passe d’être chamboulé.
Contrairement à l’épisode précédent où seul le caractère esthétique avait eu un rôle dans mon coup de cœur, là j’ai été subjugué par la critique du jeu, et plus précisément un test dans le Joypad n° 95 de mars 2000. Pour l’anecdote, mon abonnement ayant débuté le mois suivant, j’ai commandé ce 95 avec quelques autres anciens numéros et j’ai donc découvert ce test avec 2 mois de retard. Autant être clair, je n’avais jamais lu un test aussi dithyrambique à propos d’un jeu de foot !
C’était LA simulation ultime qui pointait le bout de ses crampons, je cite : « le meilleur jeu de foot de tous les temps » selon Trazom. Je me souviens m’être précipité (et plus précisément avoir traîné ma mère) dans mon Dock Games sitôt rentré d’une journée du mois de juin de mon job d’été chez Champion, le jour de la toute première paie de ma vie ! D’ailleurs la jaquette m’avait tout de suite marqué dans le magasin car le visuel du joueur avec le ballon près de la tête me faisait plus penser à un alien qu’autre chose (voire au look du perso de MDK…)
Dans ce génialissime ISS Pro Evolution, le réalisme était poussé à son paroxysme. Une-deux, passes en profondeur lobées, passements de jambes, feintes de frappes… Sans parler les animations qui collaient tellement bien à la réalité, le placement des corps des joueurs lors des contrôles, des passes, des tirs… Ou encore la sensation d’inertie du ballon, la possibilité de rater complètement ses tirs si le joueur n’est pas dans la position idéale… Du très très grand art ! Cet épisode reléguait tous ses prédécesseurs, tous les autres jeux du genre, et surtout son concurrent FIFA au rang de vulgaires amateurs. Et avec tant de réalisme, autant vous dire que le challenge était plus que relevé dès lors qu’on s’attaquait au niveau de difficulté maximum. Il n’y avait plus vraiment d’arme absolue, et les matches étaient souvent tendus avec un score serré et peu de buts. Cette tension palpable était d’autant plus vraie lors d’oppositions entre 2 joueurs au niveau équivalent.
Au niveau du contenu, la base des épisodes précédents était conservée, avec l’ajout de diverses coupes continentales et surtout l’apparition de la Master League (ou Ligue des Masters). Dans ce mode de jeu inédit, on pouvait enfin prendre les commandes d’un club (parmi 16 grands d’Europe, dont l’OM bien entendu) pour participer à un championnat.
Mais attention, quelle que soit l’équipe que l’on sélectionnait, l’effectif de départ était identique, composé de joueurs fictifs pour la plupart médiocres, avec au mieux un ou deux éléments moyens sur lesquels il fallait tout miser pour vaincre ses adversaires, grimper au classement et glaner de précieux points (en difficulté élevée, ce n’était pas une mince affaire !). Ces points permettront alors d’étoffer progressivement son onze en recrutant de nouveaux joueurs, réels cette fois. Au bout du compte, on pourra ainsi se constituer sa propre Dream Team qui fera pâlir tous ses adversaires aux 4 coins de l’Europe.
Ah oui, impossible de passer à côté d’un aspect historique de la série à partir de cet épisode. J’ai précisé pour les jeux précédents que les joueurs étaient nommés de manière complètement originale. Et bien à partir de ISS Pro Evolution, ce n’est plus le cas ! Car non seulement tous les joueurs « connus » sont dotés d’un physique vraiment fidèle à leur modèle réel, mais on peut également enfin les reconnaître à leur patronyme. Oh mais tout n’est pas si facile (tout ne tient qu’à un fil), absence de licence oblige, ce ne sont pas les vrais noms mais des noms approchant (Zedane, Roberto Corlos, …).
Et là il y a deux écoles, soit on garde ces noms délirants qui sont devenus cultes pour certains, soit on pousse le réalisme au maximum et on passe des heures dans le mode « Modifier » du jeu pour customiser tout ça et renommer les joueurs un par un. Pour les équipes les plus réputées, pas de problème, mais pour modifier l’équipe d’Iran ou de Corée du Sud, ça se compliquait légèrement donc il fallait absolument trouver des listings. Je n’avais pas internet, donc j’allais chez des amis qui avaient une connexion et je recopiais les noms sur papier avant de tout reproduire dans le jeu chez moi… Beaucoup de gens se plaignaient de ce manque de licence officielle qui a perduré pendant des années, mais moi, j’aimais ça ! J’adorais « perdre » des heures là-dessus, chose qui paraît complètement improbable de nos jours.
Comme je le disais un peu plus haut, même si j’étais un grand fan de la série depuis son origine, ce sont les rédacteurs de Joypad qui m’ont complètement hypé sur ISS Pro Evolution. Je rêvais moi aussi de pouvoir organiser des tournois à rallonge avec mes potes, de passer des nuits entières dessus comme ils le faisaient à la rédaction avec fichiers Excel, classements et tout le bazar. Malheureusement tout cela n’est resté que de l’ordre du fantasme et à part des 1 contre 1 je n’avais pas beaucoup de possibilités de jeu ! Mais cela ne m’a bien entendu pas empêché de prolonger l’expérience avec la même ferveur lorsque la suite ISS Pro Evolution 2 est sortie en avril 2001, toujours sur Playstation.
Je ne me suis donc pas fait prier pour l’acheter dès sa sortie cette fois, quand bien même j’étais en plein dans la dernière ligne droite avant le bac… Je ne m’étendrai pas en long et en large sur ce volet puisque pour le coup, il ressemblait plus à une mise à jour sans réel gap avec le 1er. Plus d’équipes, une Master League un peu remaniée (8 clubs supplémentaires, 2 divisions), des graphismes améliorés, des animations plus détaillées et nombreuses, … Mais toujours un 10/10 de rigueur dans mon magazine fétiche, et forcément le titre de nouvelle référence absolue en matière de simulation de foot aux dépends de son illustre aîné.
Le verdict est sans appel, ISS Pro Evolution a clairement marqué ma vie de joueur, et même si la période sur laquelle ces 2 jeux ont fait chauffer ma PS1 avec assiduité est relativement courte (à peine 2 ans), ils ont m’ont fait découvrir ce que j’attendais d’un jeu de foot digne de ce nom. Rien ne m’empêchera bien sûr de continuer à jouer sur des softs typés arcade pour le fun, mais le foot, le vrai, c’est maintenant exclusivement du côté de Konami qu’il faut le chercher.
Et à peine ISS Pro Evolution 2 dans les bacs, les premières images du futur épisode sur la nouvelle Playstation 2 s’exhibaient déjà fièrement dans les pages de Joypad. Mon histoire d’amour avec la saga de Konami avait donc encore de belles années devant elle…
To be continued…
– Yashide – https://twitter.com/lardon_83
Le moment où tu décris tes recherches sur l’internet de tes amis pour renommer les joueurs des équipes me parle vraiment et fait echo à ce que je pense du retrogaming tel qu’on a pu le vivre (voir mon test de sonic cd chez octopaddle.fr !) : comme une recherche, une quête, un travail à faire, qui n’est pas forcément utile au jeu, mais qui, par notre propre volonté, permet de nous dégager de la simple notion de divertissement. C’est à partir de ce moment là qu’on entre dans le monde poétique, dans le « sacré ».
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