Football Manager / L’Entraîneur, la drogue des jeux de gestion de foot

yashide Par Yashide

Croyez-moi, cet article aura mijoté bien longtemps dans mon petit cerveau. Il faut dire que ce n’est pas évident de s’attaquer à un genre et plus particulièrement une série complètement culte. Personnellement, j’ai une forte tendance à préférer écrire et raconter mes souvenirs sur des jeux de moindre importance plutôt que sur des hits que tout le monde connaît, sur lesquels tout a déjà été écrit et pour lesquels je ne vois pas d’angle particulier ni de plus-value qui rendrait mon texte un minimum intéressant à mon goût.

Je vais tenter de faire une exception aujourd’hui en m’attaquant à la cultissime série des Football Manager, et plus globalement à mes expériences sur les jeux de management de foot. Je sais, il y a un paquet de cinglés qui ont passé et passent toujours dessus un nombre d’heures totalement incomparable à ma propre expérience, et je n’ai aucunement la prétention d’être expert en la matière. Merci de ne pas me tenir trop rigueur des éventuelles (probables ?) approximations à venir, mais ce type de jeux a tellement marqué une partie de ma « carrière » que je ne pouvais pas éternellement les laisser de côté sur Another Retro World ! C’est donc parti pour une plongée en immersion dans cet univers pas du tout sexy, plein de tableaux et de lignes de stats, mais ô combien addictif…

L’origine de mon attrait pour les jeux de gestion footballistiques remonte au début des années 90, lorsqu’un certain Player Manager sur Super Nintendo est venu me faire de l’œil. Je ne m’étendrai pas sur cette entrée en matière avortée que j’ai déjà évoquée ici. Le frustration passée, je suis rapidement passé à autre chose, et ce n’est que quelques années plus tard, au hasard d’un CD de démo dans un magazine PC, que j’ai enfin pu goûter aux joies du management. Le coupable ? Football Manager 98/99, édité par Sierra (rien à voir donc avec la série du même nom d’aujourd’hui). Après avoir aperçu les possibilités offertes par cette démo, je me suis empressé de passer la vitesse supérieure en me jetant sur la version complète du jeu.

Transferts, gestion des contrats, du merchandising, planification des séances d’entraînement, les possibilités offertes étaient déjà très complètes à l’époque. Sans oublier, à réserver aux Bernard Tapie en puissance, les possibilités douteuses de parier sur ses propres matches et de tenter verser des pots de vins. Je ne me souviens plus exactement comment cela était géré mais quel réalisme !!!

Le gros plus de Football Manager 98/99, c’était quand même la possibilité de visualiser les matches avec une « vraie » représentation et pas seulement au travers de lignes de textes. C’est ainsi que j’ai fait mes premières armes aux commandes de l’AS Saint-Etienne, alors en 2ème Division. Lionel Potillon ou Pape Sarr devenaient mes nouvelles coqueluches, car je trouvais cela bien plus fun de partir de l’échelon inférieur plutôt que de commencer d’emblée avec l’OM des Ravanelli, Laurent Blanc et Flo Maurice…

Mais la réelle addiction a pris forme l’année suivante, au cours de mon année de 1ère, avec l’Entraîneur 3. Mais commençons avec un petit peu d’histoire concernant cette franchise ultime dans le domaine. La série Championship Manager (et donc l’Entraîneur en France) prend ses origines Outre-Manche, où elle a été créée par les frères Collyer dans les années 80. Avec tout d’abord pour unique objectif de développer dans leur coin un jeu, qu’ils appelaient entre eux « The Game », pour eux et pour leurs amis sur Atari ST, Amiga et Amstrad. Le nom a ensuite été changé en European Champion quand ils décident enfin d’envoyer des copies de leur bébé à différents éditeurs. Après avoir essuyé quelques refus, notamment de la part d’Electronic Arts, ils signent finalement avec Domark, qui deviendra plus tard Eidos Interactive.

Ces bases posées, revenons maintenant en 1999, avec ce fantastique Entraîneur 3, élément déclencheur d’une folie furieuse qui accaparera pendant une bonne paire d’années tant d’heures de mon temps et de celui de mon groupe de copains. Le principe reste bien sûr le même que pour tout jeu de ce genre, prendre les rênes d’une équipe de son choix et l’amener vers les sommets, en gérant transferts, relations avec les médias, compositions d’équipes et stratégies… Rien de révolutionnaire me direz-vous. J’ai évidemment été fan d’un bon nombre de jeux au cours de mon parcours de joueur, mais là, je pense que c’est la seule et unique fois où ça a vraiment tourné à l’obsession. Je n’ose même pas imaginer le nombre d’heures de cours passées à réfléchir sur les joueurs que j’allais tenter de recruter et à coucher dans des coins de feuilles de cours différentes formations et compositions pour mon équipe, en fonction de mes adversaires ou de la situation. Le rendez-vous incontournable pour les fans de L’Entraîneur de ma classe était notamment le cours de philo, qui n’intéressait personne, haut lieu de discussions et débats enflammés, de tuyaux sur les wonderkids à dénicher dans des clubs méconnus, … L’Entraîneur était LE sujet qui permettait de rassembler et de discuter avec des personnes que l’on ne côtoyait habituellement pas.

On s’amusait également à lancer chacun de notre côté des parties en partant immédiatement en vacances et en laissant le jeu tourner, pour voir comment l’histoire évoluait et comparer tout cela ensuite. Je me souviens notamment d’une d’entre elles où je suis arrivé aux alentours de l’année 2020, le RC Strasbourg dominait alors l’Europe tandis que l’OM et le PSG végétaient en 2ème Division

Contrairement à beaucoup d’aficionados du jeu, et au moi d’1 ou 2 an auparavant, je ne voyais à cette époque aucun intérêt à démarrer dans une division inférieure avec un obscur club que je ferais monter dans l’élite. Je préférais au contraire le confort de ma 1ère division, aux commandes de mes clubs favoris, l’OM et Manchester United. Alors certes le challenge n’était pas le même, mais cela suffisait à faire mon bonheur. Avec les Red Devils, je pouvais faire des folies avec un budget quasi illimité et attirer plus facilement les futures stars de l’époque telles que Ronaldinho ou Saviola.

Avec l’OM, le jeu se compliquait tout de même légèrement, puisque même en étant une valeur sûre du Championnat de France, il était impossible de faire venir de tels joueurs sans bidouiller sa partie (créer un 2ème entraîneur, etc…) et il fallait partir à la chasse à la perle rare dans l’optique d’exister durablement sur la scène européenne. Des joueurs comme les Roumains Adrian Mihalcea et Florentin Petre, les Suédois Matthias Asper, Kennedy Bakircioglu, Sharbel Touma ou l’Islandais Sigporsson étaient quelques-unes de mes cibles privilégiées.

Contrairement à Football Manager 98/99 évoqué précédemment, le mode de réprésentation des matches était dans l’Entraîneur 3 uniquement en mode texte, que j’appréciais énormément car je trouvais ça beaucoup plus stressant qu’avec une visualisation plus poussée. Cela laissait la part belle à l’imagination, et je me remémore avec nostalgie et fierté les chevauchées fantastiques de Daniel Montenegro, l’un de mes joueurs favoris, qui traversait régulièrement le terrain, mystifiant tous ses adversaires avant de propulser le cuir au fond des filets. Du grand art ! Plus d’un copain s’est montré dubitatif lorsque je racontais les exploits de ce joueur, avant d’être mis devant le fait accompli et de voir se répéter l’action devant ses yeux…

L’Entraîneur 3 m’a ainsi accompagné sur plusieurs itérations jusqu’à l’édition 2001/2002, avant de laisser place à son successeur, l’Entraîneur 4, que j’ai acheté essentiellement pour jouer online. Je participais à l’époque à un forum de Ligue Virtuelle sur PES et nous étions plusieurs à être motivés pour monter un forum dédié, une idée qui n’a pas vraiment pris et qui n’a pas été beaucoup plus loin qu’un ou deux lancements… J’ai également eu l’occasion de pratiquer un peu le online avec Toji et un autre copain, mais encore une fois, difficile de se caler suffisamment de sessions de jeu pour profiter pleinement de l’expérience. Je me suis donc rabattu sur le mode solo, maintenant agrémenté d’une visualisation des matches en 2D vue de dessus, les joueurs étant représentés par des petits cercles, une espèce de Subbuteo virtuel en quelque sorte. Cette fois-ci, terminé le confort de l’élite, j’avais opté pour l’équipe de Naples, alors rétrogradée en Série C. A moi les duels acharnés avec Albinoleffe ou Avellino… Je ne suis malheureusement pas allé au bout de l’expérience, lassé par ces centaines d’heures passées sur la série depuis quelques années.

Après un break de plusieurs années, je me suis réessayé à cette série, renommée Football Manager entre-temps,  au travers de diverses démo sur PC et de la version « Light » sur PS Vita. Malheureusement, par manque de temps et par peur de replonger, je n’ai pas accordé à ces itérations le temps et l’investissement nécessaire pour profiter pleinement de jeux d’une telle envergure. Cette série est vraiment à part dans le paysage vidéoludique, et énormément de personnes qui ne jouent autrement pas du tout aux jeux vidéo sont passionnées et complètement accro, au même titre qu’un PES pour la génération PS2 ou que FIFA plus récemment. Une saga tout simplement culte, à réserver bien entendu aux amateurs les plus hardcore de la théorie footballistique, et surtout à ceux qui n’ont pas peur de délaisser toute vie sociale au profit de leur carrière virtuelle !

En bonus, voici quelques-uns de mes joueurs fétiches, ayant particulièrement brillé sous mes ordres ou attiré mon attention. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer les vôtres, ce serait un plaisir d’échanger anecdotes, expériences et bon plans 😉

Daniel Montenegro : mon petit chouchou tout simplement. J’étais attaché à lui en raison de son patronyme complet qui me faisait marrer (Daniel Gaston Montenegro, à prononcer avé l’accent ) bien qu’il n’ait jamais réussi à s’imposer à l’OM dans la réalité (c’est même clairement une grosse arnaque du recrutement). Je me reposais pourtant sur lui dans le jeu et il me le rendait bien. Meneur de jeu de mon OM légendaire, à l’origine de chevauchées dignes de celles du Pibe de Oro, il a même acquis la nationalité Française et mené la France (que je coachais également…) au titre Mondial.

Mathias Asper : un gardien de but Suédois qui m’a rendu bien des services avec l’OM, une excellente surprise qui, sans me ruiner, a tenu la baraque même au plus haut niveau Européen. Exit Porato, le nouveau Barthez vient du froid !

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Frelon : alors là, c’est l’inconnue la plus totale, le joueur le plus WTF de ma liste. C’était simplement un joueur grisé (pas de contrat possible), généré aléatoirement dans ma réserve de l’OM et qui me marquait but sur but dans les matches ou je devais faire tourner, notamment pendant la Coupe du Monde des clubs et ses matches tous les 2-3 jours. L’Inter Milan s’en souvient encore !

Milan Baros + Nuno Coelho : je ne sais pas si Coelho était un vrai joueur ou pas mais ces deux là sont indissociables tant le duo d’attaque flamboyant qu’il formait avec Milan Baros (que j’ai découvert par le biais du jeu avant sa réelle montée en puissance) aux Girondins de Bordeaux m’ont sacrément concurrencé en Division 1. Après cela, je jetais toujours un oeil sur le Branik Ostrava en début de partie pour tenter de chiper le jeune Tchèque.

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Kim Kallstrom : comme tant d’autres Suédois (Alex Farnerud, Bakircioglu, Touma, Ibrahimovic …), une valeur sûre au milieu du terrain pour un prix abordable

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Luke Chadwick : Lors de ma partie avec Manchester United, parmi les légendes Scholes, Giggs ou Beckham, il a su forcer son talent et gagner ses gallons de titulaire indécrottable.

Zizi Roberts : un Défenseur / Attaquant (!!!) Libérien au nom improbable. Découvert lors d’une CAN au cours de laquelle il a fait des miracles associé au grand Mister George Weah, acheté pour rien du tout pour parer aux éventuelles blessures et suspensions des titulaires. Il a fait le job sans broncher, et plutôt efficacement !

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Joe Cole : j’essayais à tous les coups en début de partie de le recruter, mais il n’a jamais accepté de quitter West Ham pour l’OM, à mon grand désarroi. Pour l’anecdote débile, j’ai longtemps été persuadé qu’il était noir…

Samir Nasri + Ahmed Yahiaoui : les 2 jeunes prodiges de la réserve de l’OM, l’un en milieu défensif, l’autre offensif. Des wonderkids à faire mûrir tranquillement. Heureusement pour moi, je n’ai pas eu à subir les frasques des « vrais » lorsque je les ai fait venir à Naples…

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Jurgen Kohler : le vétéran Allemand, idéal pour encadrer ma défense en début de partie et lui apporter de la stabilité, avant qu’il ne prenne sa retraite au bout de quelques saisons.

Matteo Ferrari : désespéré de gagner sa place à l’Inter, ce défenseur Italien a franchi les Alpes pour trouver de la reconnaissance sur la Canebière. Il n’a pas été déçu, et moi non plus !

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Francois Suchet : le 2ème de mes chouchous, en réalité prénommé Jean-François. Un jeune joueur déniché au fin fond de la réserve de l’OL, dont les stats ont progressé de manière hallucinante, faisant au fil du temps de lui un titulaire en puissance au sein de mon effectif pourtant pléthorique.

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Pour conclure, un peu de pub pour un bouquin super intéressant, pour les anglophones, dont le titre parle de lui-même : Football Manager stole my life : 20 years of beautiful obsession

– Yashide – https://twitter.com/lardon_83

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11 réflexions au sujet de « Football Manager / L’Entraîneur, la drogue des jeux de gestion de foot »

  1. Autant je ne connaissais pas du tout le genre, autant cet article bien écrit et drôle m’a emballé ! Tant que j’y suis – et avant tout chose je n’ai pas encore fait de recherches sur le sujet – j’aimerais retrouver le titre d’un jeu de foot assez récent (début des années 2000, probablement sur PS2) avec Thierry Gilardi faisant les commentaires des matches pendant la partie. Une idée de l’expert ?

    • Merci, content que ça t’ait plu, c’est sur que c’est pas vraiment un style de jeu grand public 😜.

      Pour Gilardi, je pense qu’il a fait les commentaires sur du FIFA, au moins le 97. Mais sur PS2 je vois pas dsl ! Si tu retrouves dis moi 🙂

      • Pourquoi sur tout les article au tropic de l’entraineur 3 99 je n’entend jamais parler de du polonais Marek Saganowski qui était un peu un Lewandowski avant l’heure dans le jeu ! Qui dan sla réalité a eu 35 sélection en Pologne mais par contre un fait un passage éclair en l1 à troyes sans rien monté et a un peu galèré. Et pourquoi personne ne parle de Vesa Vasara, peter ofriye quaye ou sefti kuqi ! lol; Tu ne parle que des joueur qui ont réussi c’est plus fun de parler des gros joueurs du jeu qui ont fait une carrière moyenne ! Et le clan roumain avec Petre Mihacea et les trouvaille Mutu et Chivu !

      • Petre et mihalcea je les cite. Par contre les autres j’en ai jamais entendu parler ! Mais bon je parle que de mon expérience donc forcément je suis passé à côté de dizaines de joueurs. D’ailleurs dans le livre dont je parle, la plupart des joueurs évoqués je ne les connaissais pas du tout. À une époque sans internet, les futures superstars se découvraient juste par bouche à oreille dans mon cercle restreint d’amis qui étaient aussi des joueurs de CM. Et il faut dire que j’ai aussi été bridé par mon PC peu puissant qui m’empêchait de choisir plusieurs pays et une base de joueurs étendue !

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