Ce matin, comme tous les jours en arrivant au boulot, je lance ma messagerie et 20 minutes. Et la nouvelle tombe sous mes yeux encore embués par mon heure et demie de transports : « L’animateur Momo de Skyrock est mort ». C’est le choc, il faut dire que depuis plusieurs semaines je sentais quelque chose de bizarre à force d’entendre de la part d’autres animateurs de la radio des « courage Momo » ou « Momo on pense à toi ». Que ce soit des décès d’artistes que j’apprécie (le temps que j’écrive ces quelques lignes, j’apprends également la mort de Billy Paul…) ou de sportifs qui ont marqué mon enfance, j’en ai connu quelques-uns. Mais bizarrement, aucune de ces terribles nouvelles ne m’aura plus attristé et ému que la disparition du colosse Parisien. J’ai donc décidé de prendre ma plume pour écrire ce petit texte hommage à une émission, une équipe symbole de mon adolescence, celle de la Radio Libre de Difool. A vrai dire, je ne pensais pas écrire cet article un jour tant mon écoute assidue de cette libre antenne culte a toujours été pour moi un tabou inavouable, mais les circonstances ont changé la donne…
Mais revenons aux origines de tout ça, à la fin du siècle dernier, en 1999 plus précisément et mon entrée au lycée. Je n’avais vraiment pas à l’époque l’habitude d’écouter la radio ni même tout simplement d’écouter beaucoup de musique au-delà des CD que ma sœur écoutait. Le début de cette nouvelle aventure et le passage à l‘adolescence va tout chambouler. La plupart de mes amis étaient plutôt dans la tendance rap et la musique était, contrairement à la période collège, un sujet de conversation récurrent. Influencé par la masse, j’essaie alors de me mettre au diapason et de découvrir ce style qui n’était pas a priori fait pour moi, et le moyen le plus simple est forcément de passer par la radio Skyrock, qui contrairement à son nom s’auto proclame « Premier sur le rap ». Par ailleurs, à force d’entendre les bandes-annonces de l’émission « Radio Libre », je me retrouve finalement un jour à l’écoute à 21h, début de la grand-messe.
Au programme de cette émission diffusée depuis 1997 : délires et échanges avec les auditeurs sous la houlette d’un des piliers de la radio Française pour jeunes, David Massard alias Difool, entouré de Tidav à la réalisation et de Marie et Florent au standard qui participent également activement au show pendant ces 3h quotidiennes. Des sujets parfois sérieux, souvent très crus, voire vulgaires, des délires pipi caca d’adolescents attardés, il n’en fallait pas plus pour me plaire et me faire rire. C’est très rapidement devenu un rituel pour moi de me coucher tôt, à 21h donc, avec mes écouteurs sur les oreilles pour profiter de la Radio Libre. Mes amis n’étant vraiment pas attirés par le ton de l’émission, et préférant souvent le rival Max sur Fun Radio, j’ai vite compris que ma passion naissante ne serait pas quelque chose que je pourrai partager avec quiconque, et que je ferai mieux également de garder cachée de mes parents qui n’auraient probablement pas apprécié la chose…
Bref, la Radio Libre est vite devenue mon petit espace secret, mon moment de détente, et comme beaucoup d’auditeurs en témoignent, un refuge lorsque la vie ne va pas exactement comme on le voudrait. Lorsque je n’avais que peu de choses auxquelles me raccrocher, l’équipe était toujours là, au bout des ondes, avec son enthousiasme et sa bonne humeur communicative, et ils m’aidaient à m’évader le temps de quelques heures avant de m’endormir, mon fidèle walkman planqué sous l’oreiller. D’ailleurs j’ai gardé cette habitude de m’endormir avec la radio dans les oreilles, maintenant avec l’After Foot sur RMC, mais j’en reparlerai dans 20 ans. 😀
Peu de temps après, l’équipe a changé, Romano (pas encore chauve à l’époque) a remplacé Tidav et Cédric le Belge a pris la place de Florent. Momo le Parisien et Samy le Marseillais qui étaient déjà des intervenants systématiques lors des soirées de foot ont également fini par rejoindre l’équipe dans les studios quelques années plus tard. Et avec tous ces allumés, des séquences mythiques, entre les doubles-appels aux familles de la Creuse (c’est l’Didier !), les problèmes du mois de Romano, les délires sexuels dégueulasses de Valoche la saloche, les coups de fil à Josiane et Marie-Paule Stanto au Québec ou à Pascal le militaire (bleu-bite !)…
Alors certes j’ai arrêté d’écouter l’émission depuis bon nombre d’années, bien qu’elle existe encore et toujours aujourd’hui, lassé par le ton dans lequel j’ai fini par ne plus me retrouver en prenant de l’âge. Mais il ne faut pas se méprendre, car au-delà de cette permanente surenchère de vulgarité, le plus important, c’était qu’il y avait toujours en fond une idée de tolérance et de respect de l’autre qui m’a profondément marqué et faisait que l’émission avait quelque chose en plus, si tant est qu’on prenne la peine de creuser sous les apparences peu ragoûtantes pour le plus grand nombre.
Le temps était donc venu de faire mon coming out, de rendre hommage à ces animateurs et animatrices radio. Plus que ça même, des amis sans le savoir, des soutiens indéfectibles, fidèles au poste tous les soirs de la semaine pour redonner le sourire aux auditeurs. Des personnages de l’ombre. Des voix mythiques qui ont bercé mon adolescence. Celle de Momo était l’une d’elle.
RIP Momo
– Yashide – https://twitter.com/lardon_83
Rapidement, en lisant ta chronique, c’est marrant le parallèle à faire avec la presse JV, que l’on feuilletait, analysait et avec l’impression que les journalistes devenaient une bande de potes à tu et à toi. Certes, pas le même âge, j’ai eu aussi cette période radio libre (bien que skyrock étant trop rap malheureusement), avec Difool sur Fun (et le Doc !) ou encore les radios proche de la banlieue lyonnaise comme Radiodio ou Crock radio. C’est vrai un passage de notre vie et qui continue chez les ados de nos jours, quoique noyés par le phénomène des réseaux sociaux, mais qui existe toujours.
Bah écoute c’est tout à fait ça, pendant une période mes motivations de rentrer après le lycée c’était de lire et relire mon joypad et de me précipiter le plus tôt possible dans mon lit pour écouter l’émission ! Je m’amusais à travers ces 2 bandes et leurs délires
À défaut de m’éclater dans propre ma vie
Je me suis bien marré avec MAX notamment sur le KIKIDONC et le mythique Jean-Pierre Sauser… Je connaissais Difool de nom, mais pas davantage.
Je réagis après coup mais bon …
Décidément nous ne sommes pas frères que de jeux gameboy :).
Tu écoutais quand même dernièrement non ? Car moi aussi j’ai senti le problème avec « courage Momo on pense à toi », même si ça arrivait régulièrement qu’il soit en séjour à l’hopital (et on ne savait pas pourquoi).
J’ai 30 ans et j’écoute encore tous les soirs, en enregistrant avec adsltv, pour zapper les pubs et la musique qui est quand même ignoble (j’écoutais la musique quand j’étais au collège sûrement comme toi, mais on avait pas 5 fautes de conjugaisons par phrase et surtout pas de thèmes « agressifs » ni « hautains », enfin bref, ce n’est pas le débat).
L’émission sous ses aspects pipi caca prout est une bouffée d’air frais et une tranche de vie, l’équipe est proche de ses auditeurs (je me rappelle de moments ou Difool a laissé un auditeur violé dans son enfance s’exprimer, ou d’appels pour ados fugueurs, et d’émissions poignants suite aux attentats de l’année dernière), cette émission c’est ton pote, ni plus ni moins et comme moi, tu dois connaître encore le numéro de téléphone par coeur.
Le gros Momo, paradoxalement très discret, qui fuyait la lumière, qui s’occupait du blog avec ses grosses pattes et qui était toujours totalement pacifique, j’ai eu les larmes aux yeux lors de l’émission hommage, le chant de ses amis supporters qui envahissent la rue et crient « qu’il ne sera jamais seul », il avait demandé à l’équipe de ne pas l’oublier et je ne l’oublierai pas, ça c’est clair.
Anecdote très drôle : ma mère s’endort avec la radio, et un jour elle est tombée sur Romano qui « trichait au brevret » en appelant un prof pour lui demander le théorème de Pythagore, depuis elle écoute chaque soir, double appel (qui est de retour), clash de la drague, pervers au téléphone, et elle a 70 ans !
Effectivement pour oublier le numéro de la radio libre il faut au moins 20 ans sans les écouter. 01 53 40 30 20 41SKY(41759) Skyrock.fm (et à l’époque 3615 SKYROCK (minitel) )
Et avant le 41SKY il y avait le 2SKY2 moins taxé 😆