Flashback dans la France des années 80, ou devrais-je dire dans la France des années 1780… Prémices de La Révolution qui renversera d’ici quelques mois la Royauté.
Ici nous rencontrerons Oscar François de Jarjayes, Commandant de la Garde Royale, plus connu(e) par les petits téléspectateurs de Récré A2 sous le nom de : Lady Oscar !
Stop stop STOP je vous arrête 2 minutes dans votre tour de chant pour signaler que dès le début de l’histoire l’adaptation française sent clairement le pâté.
NON on ne s’énerve pas, je n’égratigne pas vos souvenirs d’enfance pour rien, je m’explique…
Reprenons donc le générique (oui bon vous pouvez chanter si ça vous amuse de vous prendre pour Marie Dauphin) :
Lady, Lady Oscar, tu vivais sous la révolution
Déjà là gros problème. Les gars vous avez au moins lu le pitch de l’histoire ? parce que bon je vous rappelle quand même que la fameuse Lady est morte à la prise de la bastille le 14 juillet 1789.
Un beau jour elle choisit son camp
Et chassa les tyrans
Bien de nommer Louis XVI et Marie Antoinette « les tyrans », bel esprit. Vous avez déjà vu un anime dans lequel le générique parle des persos principaux de cette manière ? pourquoi pas traiter Tom Sawyer de gros cancre ou Albator de dépressif de l’espace ?
D’ailleurs pendant une bonne partie de l’histoire la chasseuse de tyran est quand même au service de la Reine … A croire que les mecs ont commencé l’anime par la fin !
Bref, je ne vais pas pourrir l’ambiance mais vous ne pensez pas que cet anime culte issu d’un manga plus que culte aurait mérité une meilleure adaptation française ?
Nous, on va reprendre l’histoire du début et prouver que Lady Oscar mérite mieux que le titre de « fille qui s’habille comme un garçon ».
Lady Oscar est donc l’adaptation libre du grand, fabuleux, que dis-je du cultissime manga Versailles no Bara (La Rose de Versailles selon la traduction officielle, pour moi Les Roses de Versailles mais ceci est une autre histoire ;p) né sous les crayons de Mme Ryoko Ikeda en 1972.
Je me permets d’utiliser le terme d’adaptation libre car malgré la présence d’une trame et de personnage identiques, l’histoire a été quelque peu remaniée et adopte finalement un aspect beaucoup plus sombre et d’autant plus tragique que le manga.
L’histoire de Lady Oscar, ou plutôt Oscar François de Jarjayes commence d’une manière assez peu banale.
Née en 1755, la sixième fille du Général Rainier de Jarjayes, est élevée comme un garçon par ce père dépité de ne pas avoir eu de descendance masculine.
Très vite elle est rejointe par André Grandier, petit fils orphelin de la gentille nounou d’Oscar, qui deviendra son meilleur ami, son confident et surtout son prétendant (dans le plus grand secret bien entendu)
Devenue adolescente, Oscar va entrer au service de la Dauphine de France fraîchement arrivée de son Autriche natale : Marie-Antoinette. Les deux jeunes filles que pourtant tout oppose vont devenir très proches.
C’est ensemble, lors d’un bal masqué à Paris, qu’elles rencontreront le beau Suédois, Hans Axel d’Ikéa… euh non de Fersen le tombeur à pattes d’Eph’.
Gardons en tête que la plupart des Versaillais, nobles ou pauvres prennent Oscar pour un homme.
D’ailleurs ce bel éphèbe fait beaucoup d’effet aux femmes !
Vous vous dites : Ah si elle savaient ….
Et bien non, même en sachant qu’elle est une femme on compte au nombre de ses conquêtes :
– Rosalie Lamorlière rencontrée par hasard dans les bas-fonds de Paris. Cette petite gueuse, orpheline et affamée a vainement tenté de vendre son corps à ce cher commandant de Jarjayes. Elle retombe quelque mois plus tard sur le chemin d’Oscar qui finit par enfin la prendre en pitié et la garde auprès d’elle (bon en tant que bonniche parce que faut pas déconner quand même) pour l’aider à retrouver la méchante noble qui a écrasé sa Maman avec son carrosse avant de prendre la fuite.
La gamine éperdument amoureuse d’Oscar ne lâche pas l’affaire quand elle apprend que c’est en fait une femme.
– Charlotte, fille de la comtesse de Polignac et accessoirement petite soeur de Rosalie (oui c’est compliqué, la comtesse de Polignac a fauté dans sa jeunesse et a abandonné Rosalie à une servante, servante qu’elle écrase malencontreusement avec son carrosse quelques années plus tard…), aussi grande admiratrice d’Oscar, elle finira par se suicider quand sa mère tentera de la marier de force à un vieux comte décrépi…
On comprend vite que dans cette histoire, la plupart des personnages ont un passé, un présent ou un futur plus que sombre. En France on a essayé d’épargner les détails trop crus et le CSA les a passés à la guillotine. Vive la censure !
Surtout qu’il faut savoir qu’on est bien loin des scènes sanguinolentes d’un Ken ou d’un Saint Seiya, tout est suggéré.
Parmi ces destins et ces vies brisées ont retiendra bien sûr la grande et malheureuse histoire d’amour entre André Grandier le borgne chevelu et Oscar.
Pourtant au départ entre ces deux là c’était plutôt mal parti, Oscar n’ayant d’yeux que pour le beau Suédois (qui lui ne vit que pour la Reine) et André homme du peuple ne se sentant pas digne des sentiments qu’il éprouve pour la blonde amazone.
Ce quasi triangle amoureux va durer une bonne quinzaine d’années, et c’est dans la seconde partie de l’histoire qu’André va enfin perdre sa place de personnage secondaire.
Papa Jarjayes sentant le vent de la Révolution arriver, décide pour protéger sa fille et certainement aussi par remords, de laisser Oscar reprendre sa place de Femme dans le cercle de la vie et de la marier au meilleur parti.
C’est l’élément déclencheur du rapprochement des deux amis d’enfance.
André, devenu fou d’amour (et d’abstinence) pensant que la belle risque de lui échapper échafaude un joli petit crime passionnel digne des enquêtes impossibles de Pierre Bellemare : un empoisonnement ! S’ils ne peuvent être ensemble de part leurs conditions sur terre, ils seront réunis dans la mort (pampampaaaaaam *bruit de tonnerre et cheval qui hénit*)
Bon heureusement pris de remords à l’instant fatal, le brun ténébreux se ravise… Et quelques jours plus tard commet une tentative de viol…
Il est clair qu’on se demande bien pourquoi Oscar ne se barre pas en courant mais c’est comme ça, en apprenant l’état émotionnel d’André elle se rend compte qu’elle aussi en pince gravement ! (ou tout simplement elle aime les very badboys)
Youpi ils sont ensembles !
Oh mais le peuple de Paris se révolte !
Oh non Oscar s’engage en tant que Brigadier dans les gardes françaises !
Mince, son histoire d’amour la pousse à vouloir abolir la barrière entre noble et gens du peuple !
Oups elle se retrouve dans le feu de l’action, prise à partie avec son régiment par les gardes royales !
Andréééé prend une balle destinée à Oscar et meurt tragiquement dans ses bras ! Ah non ça c’est dans le manga pardon. Dans l’anime c’est juste un manque de bol, devenu à moitié aveugle, à cause d’une histoire rocambolesque de masque noir qui pille les riches pour donner aux pauvres (tiens ça me rappelle quelque chose mais quoi ?), il meurt abattu pas un soldat du Roi qu’il n’avait pas vu.
Ooooscaaar le lendemain se rend à la Bastille, du côté du peuple, et meurt dès le début de l’assaut en se prenant un boulet de canon dans le ventre (mais comme elle a la classe n’est pas coupée en 2 ou réduite en bouillie et a le temps de voir la Bastille prise)
Fin de l’histoire ils se sont aimés 2 jours c’était beau c’était intense mais c’était court.
Bon ben salut, on se voit dans un prochain article 😀
Non plus sérieusement, c’est vrai que l’aspect tragique vient, en dehors du destin funeste de chacun des personnages principaux, de cette impression d’une vie et d’un amour totalement gâchés que ce soit du côté de Marie-Antoinette et Fersen qui vivent une histoire d’amour impossible, que du côté d’Oscar et André qui concrétisent bien trop tard.
Et c’est là dedans que réside toute la force de Lady Oscar.
Et puis personnellement j’ai toujours trouvé plus marquants les animes/mangas dont la fin est définitive et sans équivoque, pas de suite à rallonge avec les enfants des enfants des personnage principaux.
Pour en finir avec notre adaptation francophone, soulignons que contrairement au générique français dont le ton n’a strictement rien à voir avec l’ambiance de l’anime, l‘OST japonaise est une petite merveille à découvrir absolument.
Autre gros point fort de cet anime, c’est bien sûr Shingo Araki, Character designer de renom dont je pense n’avoir pas besoin de vous exposer le CV et dont vous avez certainement reconnu la patte (Oscar à un air du Mü notamment)
Si vous souhaitez découvrir cette histoire avec un peu plus de « légèreté » je ne peux que vous inviter à lire le manga d’origine, Versailles no Bara. Attention les éditions françaises sont de véritables pavés, réunissant en 3 tomes l’ensemble des 10 volumes de l’édition japonaise.
Pour les fans sachez que Ryoko Ikeda, étant la reine de l’autodérision, s’est repenché sur son œuvre phare en 2005 en nous concoctant une déclinaison parodique de ses héros, les Berubarakids.
Dans cette série, composée de planches d’une page, elle tourne au ridicule toutes les situations les plus poignantes/importantes dans un style chibi des plus adorables.
Il me semble d’ailleurs que cette collection a été éditée en français chez Tonkam.
Notre voyage dans la France Japonaise du 18ème siècle touche à sa fin. J’espère que ce petit retour dans le temps vous aura permis de découvrir ou redécouvrir cet anime.
Oh pardon ! j’allais oublier de vous parler d’une autre fantastique adaptation française, le film live réalisé par Jacques Demy en 1978.
Du pâté en puissance, les images parleront d’elles-mêmes (pardon pour les fans mais franchement on aurait eu du mal à trouver une Oscar moins convaincante…). Mylène Farmer a fait bien mieux avec son clip Libertine…
– YuuyaKun – https://twitter.com/yuuya_kun